non seulement je n’ai jamais entendu dire du mal de lui, mais il est généralement adoré). Je l’ai vu au feu pour la première fois pendant cette matinée.
« Il faut voir cette figure un peu ridicule avec sa grande taille, ses mains derrière le dos, sa casquette en arrière, ses lunettes et sa manière de parler comme un dindon. On voit qu’il était tellement occupé de la marche générale des affaires que les balles et les boulets n’existaient pas pour lui, il s’expose au danger avec tant de simplicité qu’on dirait qu’il n’en a pas l’idée et qu’involontairement on a plus peur pour lui que pour soi-même ; et puis donnant ses ordres avec tant de clarté et de précision et avec cela toujours affable avec chacun. C’est un grand, c’est-à-dire un homme capable et honnête, comme je comprends ce mot, un homme qui s’est voué toute sa vie au service de sa patrie et pas par l’ambition, mais par le devoir. Je vais vous raconter un trait de lui qui se lie à l’histoire de cet assaut que j’ai commencé à raconter. L’après-dîner du même jour, on a fait sauter la mine et près de 600 pièces d’artillerie ont fait feu sur le fort qu’on voulait prendre, et on continuait ce feu pendant toute la nuit ; c’était un de ces coups d’accueil et une de ces émotions qu’on n’oublie jamais. Le soir, de nouveau, le prince avec tout le tremblement est allé coucher aux tranchées pour diriger soi-même l’assaut qui devait commencer à trois heures de la nuit même. Nous étions tous là et comme toujours à la veille d’une bataille nous faisions tous