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LÉON TOLSTOÏ

nait, mais à présent j’y suis resté pendant près de trois semaines à cause d’une fièvre que j’ai attrapée pendant mon voyage, mais dont, Dieu merci, je suis pour le moment assez rétabli pour rejoindre dans deux ou trois jours mon général qui est au camp près de Silistrie. À propos de mon général, il a l’air d’être un très brave homme et paraît, quoique nous nous connaissions fort peu, être bien disposé à mon égard. Ce qui est encore agréable est que son état major est composé pour la plupart de gens comme il faut ; les deux fils du prince Serge, que j’ai trouvés ici, sont de braves garçons, surtout le cadet, qui, quoique n’ayant pas à lui seul inventé la poudre, a beaucoup de noblesse dans le caractère et un très bon cœur. Je l’aime beaucoup[1]. »

Citons encore la lettre qui, bien qu’écrite de Sébastopol, se rapporte aux événements du Danube. Comme le verra le lecteur, cette lettre, commencée pour la tante Tatiana Alexandrovna, s’adresse, à la fin, au frère Nicolas. Selon nous cette lettre est une page de l’histoire de la Russie :

« Je vais vous parler donc du passé, de mes souvenirs de Silistria, j’y ai vu tant de choses intéressantes, poétiques et touchantes que le temps que j’y ai passé ne s’effacera jamais de ma mémoire. Notre camp était disposé de l’autre côté du Danube, c’est-à-dire, sur la rive droite, sur un terrain très élevé au milieu de superbes jardins, appartenant à

  1. Lettre en français dans l’original.