Léon Nikolaievitch, comme il a été dit plus haut, après avoir vu ses parents, partit d’abord à l’armée du Danube.
En arrivant à Bukarest, il écrit à sa tante Tatiana Alexandrovna une lettre sous forme de journal, où il décrit brièvement le voyage et ses premières impressions à l’arrivée.
« 13 mars. — de Koursk j’ai fait près de 2000 verstes au lieu de 1000 que je croyais et suis allé par Poltava, Balta, Kichineff et non par Kieff, ce qui aurait été un détour. Jusqu’au gouvernement de Cherson j’ai eu un excellent traînage, mais là j’ai été obligé de jeter mon traînage, et de faire 1000 verstes en changeant les chevaux, par un chemin affreux jusqu’à la frontière, et de la frontière jusqu’à Bukarest ; — c’est un chemin impossible à décrire, il faut en avoir goûté pour comprendre le plaisir de faire 1000 verstes en chariot plus petit et plus mauvais que ceux dans lesquels on transporte le fumier chez nous. Ne comprenant pas un mot du moldavan et ne trouvant personne qui comprenne le russe, et avec cela payant pour 8 chevaux au lieu de 2, quoique mon voyage n’ait duré que neuf jours j’ai dépensé plus de deux cents roubles, et je suis arrivé presque malade de fatigue.
« 17 mars. — Le prince n’était pas ici. Hier il vient d’arriver et je viens de chez lui. Il m’a reçu mieux que je ne croyais, en vrai parent. Il m’a embrassé, il m’a engagé de venir dîner tous les jours chez lui,