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LÉON TOLSTOÏ

Il était très religieux, aimait particulièrement à aller à l’église où, des heures entières, il se tenait agenouillé, baisant le sol. À cela, il faut ajouter encore qu’il lui manquait une oreille qu’un jour un cheval lui avait arrachée. Entre autres étrangetés de Nikita Pétrovitch, il ne pouvait se tenir en paix quand les officiers buvaient de l’eau-de-vie et surtout quand c’était les jeunes. Selon la coutume de ce bon vieux temps, tous les officiers, chaque jour, dînaient chez le commandant de la batterie et là Léon Nikolaievitch le taquinait souvent, en faisant semblant de vouloir prendre de l’eau-de-vie. Alors Nikita Pétrovitch, de l’air le plus sérieux, se mettait à l’exhorter à ne pas boire et, selon son habitude, proposait des bonbons au lieu d’eau-de-vie[1]. »

La description de la vie de Léon Nikolaievitch au Caucase ne serait pas complète si nous ne mentionnions ses deux camarades : Boulka et Milton, deux chiens dont il a raconté lui-même les exploits dans ses Récits pour les enfants[2], dans une série de charmants tableaux idylliques de la vie du Caucase, récits que connaît chaque écolier russe.

L’ordre de la promotion attendue depuis si longtemps par Léon Nikolaievitch arriva enfin.

Le 13 janvier 1854 il passa à la stanitza l’examen d’officier, qui n’était alors qu’une simple formalité, et il se mit à se préparer pour le départ.

  1. Pour la Biographie de L.-N. Tolstoï. M. A. Ianjoul, Rousskaia Starina (l’Antiquité russe).
  2. Œuvres complètes du comte L.-N. Tolstoï : P.-V. Stock, éditeur, tome xiv.