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LÉON TOLSTOÏ

de tous les honneurs militaires, c’est cette seule petite croix que j’ai eu la vanité d’ambitionner et ce contre-temps m’a causé un violent dépit, d’autant plus qu’il n’y a qu’une époque pour la recevoir et qu’à présent, pour moi, elle est passée[1]. »

Tolstoï eut encore deux autres occasions de recevoir la croix de Saint-Georges, mais il les manqua toutes deux. Voici ce qu’il m’a écrit récemment à ce propos, en réponse à la question que je lui avais adressée :

« La deuxième occasion se présenta après le mouvement du 18 février, quand on envoya deux croix à notre batterie. Je me souviens avec plaisir que, non spontanément mais après une allusion de ce charmant Alexéïev, je refusai la croix en faveur du vieil et brave soldat Andrëev.

« La troisième occasion tomba juste quand le commandant de notre brigade, Lévine, me mit aux arrêts pour n’avoir pas rempli mon service de garde ; il refusa à Alexéiev de me donner la croix. J’en étais très attristé. »

Voilà comment L.-N. Tolstoï ne fut jamais décoré.

Pour terminer notre description de la vie de Léon Nikolaievitch au Caucase, citons une page des Souvenirs d’un militaire de Mikhail Alexéievitch Ianjoul, qui servit dans la stanitza Starogladovskaia, au cours des années 70, et qui trouva là-bas des souvenirs encore vivants du séjour de Tolstoï :

  1. Lettre en français dans l’original.