se mit à lire l’article du Sovremennik, plein des louanges les plus flatteuses pour l’auteur inconnu de l’Enfance. Il me disait : « J’étais couché dans l’izba, sur la planche, et, à côté de moi, mon frère et Ogoline. Je lisais et savourais le plaisir des louanges, même des larmes d’enthousiasme m’étouffaient et je pensais : personne, pas même eux, ne sait que c’est moi qu’on loue ainsi. »
En octobre, Léon Nikolaievitch, encore dans la stanitza Starogladovskaia, trace le plan du Roman du propriétaire russe. Voici quelle en était l’idée principale : Le héros cherche la réalisation de l’idéal et le bonheur dans la vie rurale. Ne le trouvant pas, désenchanté, il veut le chercher dans la vie de famille. Son ami le convainc que le bonheur n’est pas dans l’idéal mais dans un travail perpétuel dont le but est le bonheur des autres. Ce plan ne fut pas réalisé, mais nous trouvons l’expression de ces idées dans plusieurs des œuvres suivantes de Léon Nikolaievitch.
La carrière militaire, malgré la belle situation qu’elle lui offrait, ne souriait pas à Léon Nikolaievitch. Évidemment le service l’ennuyait et il n’attendait que sa promotion d’officier pour donner sa démission. Et cette promotion, comme un fait exprès, n’arrivait pas. En rentrant au service il avait espéré être officier au bout de six mois, mais il y avait près d’une année qu’il était au régiment, vers la mi-octobre, quand il reçut un papier duquel il résultait qu’il lui faudrait attendre encore trois ans.