outre cet officier, pendant un mois, a dépensé une vingtaine de roubles en bière et en bonbons et s’est acheté un miroir encadré de bronze pour sa table de toilette. Maintenant il se promène dans un vieux veston sans épaulettes, boit de l’eau sulfureuse autant qu’il peut, comme s’il faisait une cure sérieuse, et s’étonne de ne pouvoir faire connaissance avec l’aristocratie (ici, chaque petite forteresse a son aristocratie), bien qu’il aille chaque jour sur le boulevard et à la pâtisserie et dépense assez d’argent pour le théâtre, les voitures et les gants. Et l’aristocratie, comme exprès, organise des cavalcades, des piques-niques où il n’est point convié. Le même sort attend presque tous les officiers qui viennent ici, et ils feignent d’être venus uniquement pour se soigner : ils boitent sur leurs béquilles, portent des pansements, s’enivrent et racontent des histoires étranges sur les Circassiens. Néanmoins, dans l’état-major, ils raconteront de nouveau qu’ils ont fait connaissance de familles, qu’ils se sont beaucoup amusés, et chaque saison, de tous côtés, ils se rendent aux eaux pour s’amuser. »
À Piatigorsk, Léon Nikolaievitch continua d’écrire l’Enfance, en même temps que se poursuivait le travail intérieur, incessant, qui ne le quitte pas. Le 29 juin, il écrit dans son journal une pensée qui peut servir de brève formule à sa conception actuelle du monde.
« La conscience est notre guide le meilleur et le
en buvant le thé on tient entre les dents un petit morceau de sucre.