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VIE ET ŒUVRE

suis occupé, mais, excepté cela, je goûte un plaisir plus doux et plus élevé que celui qu’aurait pu me donner la société, celui de sentir le repos de ma conscience, de se connaître et de se savoir mieux apprécié que je ne l’avais fait et de sentir remuer en moi des sentiments bons et généreux… Il y a eu un temps où j’étais vain de mon esprit et de ma position dans ce monde, de mon nom, mais à présent, je sais et je sens que s’il y a en moi quelque chose de bon et que si j’ai à en rendre grâce à la Providence, c’est pour un cœur bon, sensible et capable d’amour qu’il lui a plu de me donner et de me conserver. C’est à lui seul que je suis redevable des moments les plus doux que je passe et de ce que, malgré l’absence des plaisirs et de société, je suis non seulement content mais souvent heureux[1]. »

Dans la lettre à son frère Serge, du 24 juin 1852, il raconte les détails caractéristiques de la vie à Piatigorsk.

« Que puis-je te dire de ma vie ? J’ai écrit trois lettres et dans chacune j’ai dit la même chose. Je voudrais te décrire l’esprit de Piatigorsk, mais c’est aussi difficile que de raconter à un étranger ce que c’est que Toula, et pour notre malheur nous le comprenons admirablement. Piatigorsk, c’est aussi un peu Toula, mais d’une espèce particulière, du Caucase. Par exemple, le rôle prin-

  1. Lettre en français dans l’original.