Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 1.djvu/303

Cette page a été validée par deux contributeurs.
247
VIE ET ŒUVRE

Plus loin nous rencontrons les raisonnements suivants : « Depuis quelque temps je commence à être tourmenté par le repentir de la perte des meilleures années de ma vie. Et cela, depuis que j’ai senti que je pourrais faire quelque chose de bon. Ce serait intéressant de décrire la marche de son développement moral, mais ni les paroles ni même la pensée n’y suffiraient. Pour la grande pensée, il n’y a pas de bornes, mais depuis longtemps déjà les écrivains sont arrivés aux dernières limites de son expression. »

« Il y a en moi quelque chose qui me pousse à croire que je ne suis pas né pour être comme tout le monde. »

Ces dernières paroles décèlent pour la première fois la conscience vague de sa vocation. Il faut remarquer qu’elles ont été écrites encore avant la fin de l’Enfance et par conséquent avant les premières louanges et les encouragements que cette nouvelle lui valut. C’était la conscience intérieure, spontanée, de cette force mystérieuse qui devait faire de Tolstoï l’un des grands représentants de la conscience morale de l’humanité !

Au mois de mai il prend un congé ; il va à Piatigorsk, pour prendre des eaux et soigner ses rhumatismes. De là il écrit à sa tante, Tatiana Alexandrovna, la lettre suivante :

« Depuis mon voyage et séjour à Tiflis, mon genre de vie n’a pas changé, je tâche de faire le moins de connaissances possibles et de m’abstenir