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LÉON TOLSTOÏ

sensibilité. C’est à cette qualité que je suis redevable des moments les plus heureux de ma vie. Dans tous les cas, c’est la dernière dans laquelle je me permets d’exprimer mes sentiments aussi exaltés, — exaltés pour les indifférents, mais vous saurez les apprécier[1]. »

En janvier 1852, Léon Nikolaievitch retourna à Starogladovskaia, cette fois en qualité de junker. En février, il partit en campagne comme sous-officier monté et en mars il rentra de nouveau à Starogladovskaia.

Il est intéressant de noter quelques-unes des pensées qu’il écrivit alors dans son journal.

Léon Nikolaievitch avait remarqué en lui trois passions principales qui lui faisaient obstacle dans la voie de l’idéal moral qu’il s’était tracé. C’était le jeu, la sensualité et la vanité. Voici comment il caractérise chacune de ces passions.

« Premièrement, la passion du jeu, c’est une passion de lucre qui, peu à peu, se transforme en habitude de sensations très fortes. La lutte contre cette passion est possible. Deuxièmement : la sensualité. C’est le besoin physique excité par l’imagination. Elle augmente par l’abstinence, c’est pourquoi la lutte contre elle est très difficile. Le meilleur remède c’est le travail, les occupations. Troisièmement : la vanité. C’est la passion la moins nuisible pour les autres et la plus nuisible pour soi-même. »

  1. Lettre en français dans l’original.