Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 1.djvu/284

Cette page a été validée par deux contributeurs.
230
LÉON TOLSTOÏ

« Vous rappelez-vous, bonne tante, un conseil que vous m’avez donné jadis — celui de faire des romans ; eh bien ! je suis votre conseil et les occupations dont je vous parle consistent à faire de la littérature. Je ne sais pas si ce que j’écris paraîtra jamais dans le monde, mais c’est un travail qui m’amuse et dans lequel je persévère depuis trop longtemps pour l’abandonner[1]. »

Cette lettre est particulièrement intéressante, car elle nous montre avec quelle timidité s’engendrait ce grand talent qui s’ignorait encore.

Il tomba malade, et dut se soigner pendant près de deux mois. Profitant de sa solitude et de ses loisirs forcés, il écrivit la nouvelle l’Enfance.

Le 23 décembre 1851 il adressa à son frère Serge la lettre suivante, pleine de détails très caractéristiques de la vie à Tiflis et à la stanitza.

« Ces jours-ci doit être signé l’ordre que j’attends depuis longtemps sur ma nomination de sergent dans la 4e batterie, et j’aurai le plaisir de faire le salut militaire et de suivre des yeux les officiers et les généraux qui passeront devant moi. Même maintenant, quand je me promène dans les rues, avec mon pardessus de Charmaire et mon chapeau mécanique, que j’ai payé dix roubles, malgré toute ma grandeur dans cette mise, je suis si habitué à l’idée d’endosser bientôt la capote grise que malgré moi ma main droite veut saisir le ressort du chapeau et

  1. Lettre en français dans l’original.