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LÉON TOLSTOÏ

illégitimes, mais le besoin du bonheur, lui, n’est pas illégitime. Quels sont donc les désirs qui peuvent toujours être satisfaits malgré les conditions extérieures ? Lesquels ? L’amour, le sacrifice de soi-même ! Il devint si joyeux et si ému en découvrant ce qui lui semblait une vérité nouvelle, qu’il bondit, et, impatient, se mit à chercher pour qui il pourrait se sacrifier au plus vite, à qui faire le bien, qui aimer ? « Pour soi-même, il ne faut rien, alors pourquoi ne pas vivre pour les autres ? » pensait-il encore[1]. »

Déjà la voix de l’amour résonne comme un puissant accord dans l’âme du jeune homme à peine entré dans la vie sociale.

Mais les événements extérieurs marchent indépendamment, entraînant cette nature forte dans la voie destinée à son développement. La vie à la stanitza pour un jeune homme passionné ne va pas sans amour romanesque. Léon Nikolaievitch s’éprend d’une jeune Cosaque. L’histoire de cet amour est racontée dans la nouvelle les Cosaques. L’auteur y décrit très clairement toutes les phases de cet amour malheureux, et surtout dans une lettre, figurant dans cette nouvelle, adressée à des amis de Moscou. Dans cette lettre se montrent vivement l’amour de Léon Nikolaievitch pour la nature sauvage et le désir passionné de se confondre avec elle, et les souffrances causées par l’impossibilité de le

  1. Œuvres complètes du comte L.-N. Tolstoï. P.-V. Stock, éditeur, tom. iii, les Cosaques, pp. 156-157.