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VIE ET ŒUVRE

La nature merveilleuse du nord du Caucase, les montagnes et le Térek, la bravoure des Cosaques, la simplicité presque patriarcale de la vie, tout cela, dans son harmonie entière, servit de berceau aux premières tentatives artistiques de Tolstoï et indiqua la voie de ce génie mondial qui embrassa la lutte pour l’idéal, pour la vérité, pour la recherche du sens de la vie. C’est justement l’arrivée à Starï-Iourt que Tolstoï dépeint dans sa nouvelle les Cosaques, qui nous donne un si éclatant tableau de l’impression qu’il éprouva à la vue de la nature majestueuse du Caucase.

« Le ciel matinal était tout à fait clair. Tout à coup, il vit à vingt pas de lui, comme il lui sembla au premier abord, d’énormes masses d’un blanc pur, aux contours légers, aux profils capricieux, nettement dessinés, et la ligne aérienne de leurs sommets sur le ciel lointain. Et quand il se rendit compte de l’immense distance entre lui, les montagnes et le ciel, de la grandeur des montagnes, et quand il sentit tout l’infini de cette beauté, il fut effrayé, croyant à une vision, à un rêve. Il se secoua pour s’éveiller. Les montagnes étaient toujours les mêmes.

« — Qu’est-ce ? Qu’est-ce donc ? demanda-t-il au postillon.

« — Les montagnes, répondit avec indifférence le Nogaï.

« — Et moi, aussi, je les regarde depuis longtemps, fit Vanucha. Comme c’est beau ! Chez nous on ne le croira pas.