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VIE ET ŒUVRE

montagne des prisonniers, hommes et femmes. Cette lutte, parfois, se calmait pour un temps, ou, au contraire, prenait un caractère des plus sanguinaires, quand du côté de nos adversaires paraissaient des chefs capables de réunir sous leur commandement les peuplades les plus fortes et belliqueuses et d’exciter leur fanatisme en leur prêchant la guerre sainte contre les infidèles.

Parmi ces peuplades du Caucase, celle qui donna le plus à faire aux Russes, ce fut celle des Tchetenzes, les plus braves, qui vivaient dans les plaines boisées de la rive droite du Térek, arrosées par ses affluents la Sounja, l’Argoune, etc., et dans les gorges des montagnes d’Ichkeri.

De notre côté aussi l’esprit batailleur augmentait ou faiblissait suivant l’habileté ou l’énergie de ceux qui avaient la haute main sur les opérations militaires.

En 1856, quand le prince Bariatinsky fût nommé lieutenant général du Caucase, l’affaire prit une tournure décisive. Profitant de son influence personnelle sur l’empereur Alexandre ii, il réunit au Caucase une très forte armée, environ deux cent mille hommes, et il dirigea la plus grande partie de ses forces contre la Tchetchnia, l’Ichkerié et le Daghestan, qui étaient alors réunis sous le commandement du célèbre Schamyl.

L’habileté, l’énergie de ce chef, le fanatisme, le courage des montagnards qui le reconnaissaient comme leur Iman, tout se brisa devant l’attaque d’une force