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LÉON TOLSTOÏ

— « On voit que ce monsieur est un vaurien, dit Léon Nikolaievitch, s’adressant à son frère.

— « Pourquoi ? demanda celui-ci.

— « Il n’a pas de gants.

— « Est-ce une raison pour être un vaurien ? demanda Nicolas avec son sourire à peine perceptible, fin et moqueur. »

Nicolas Nikolaievitch agissait toujours non d’après les autres, mais comme il le jugeait bon. Ainsi il ne voulut point aller au Caucase comme on y va ordinairement par Voronèje et le territoire de l’armée du Don ; il eut l’idée d’aller en voiture jusqu’à Saratof, et de là de descendre la Volga en bateau jusqu’à Astrakhan, et d’Astrakhan, avec des chevaux de poste d’arriver à la stanitza. C’est, en effet, ce qu’il fit. À Saratof, il prit une barque sur laquelle on mit le tarentass et avec l’aide du pilote et de deux rameurs ils naviguèrent tantôt à rames, tantôt en se laissant porter par le courant. Ils prirent trois semaines pour arriver à Astrakhan. De là Léon Nikolaievitch écrivit à sa tante :

« Nous sommes à Astrakhan et sur notre départ pour ce qui fait que nous avons encore un voyage de 400 kilomètres à faire. J’ai passé à Kazan une semaine des plus agréables. Mon voyage jusqu’à Saratof a été désagréable, mais, en revanche, de là le trajet en petit bateau jusqu’à Astrakhan très poétique et plein de charmes par la nouveauté des lieux et par la manière même de voyager pour moi. J’ai écrit une bien longue lettre à Marie où je