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VIE ET ŒUVRE

rencontra Mlle Z. M. une ancienne élève de l’Institut, et il éprouva pour elle le sentiment poétique de l’amour, mais par timidité il ne le lui avoua point et emporta son secret au Caucase. C’était chez Mme Zagoskine, qui recevait chez elle tous les jeunes gens comme il faut, qu’il avait rencontré le jeune procureur Ogoline, avec qui il se lia d’amitié. Avec Ogoline il alla à la campagne chez V.-I. Uchkov. Ogoline était un des représentants d’un type très nouveau de fonctionnaires. Léon Nikolaievitch m’a raconté comment V.-I. Uchkov, qui était habitué à voir des procureurs à cheveux blancs vénérables, importants, en uniforme, la croix au cou et la plaque au côté, fut frappé quand il vit Ogoline et fit sa connaissance dans les conditions les plus étranges.

« Comme nous étions arrivés à la maison, en face de laquelle il y avait un bouquet de bouleaux, pendant que le domestique allait annoncer notre arrivée, je proposai à Ogoline de voir qui de nous deux grimperait le mieux sur les bouleaux. Quand V.-I. Uchkov sortit, il aperçut le procureur grimpé sur l’arbre et longtemps n’en revint pas. »

Pendant ce voyage, l’humeur de Léon Nikolaievitch, comme il me l’a raconté lui-même, était des plus stupides. À Kazan, son frère eut l’occasion de lui faire sentir sa bêtise. Ils étaient dans la rue quand passa devant eux un monsieur en voiture, la main sans gant posée sur une canne appuyée sur le marchepied.