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VIE ET ŒUVRE

envoyer le plus vite possible. Ne te fâche pas, je t’en prie ; je suis maintenant trop malheureux ; et fais le plus vite ce que je te demande. Adieu. Ne montre pas cette lettre à tante. Je ne veux pas l’attrister. »

Bientôt ces plans aussi étaient abandonnés. Dans une des lettres suivantes à son frère, Léon Nikolaievitch écrit :

« Dans ma dernière lettre, je t’ai écrit diverses sottises, parmi lesquelles la principale était mon intention d’entrer dans la garde à cheval. Pour le moment je laisse ces plans de côté, à moins toutefois que je ne sois pas reçu à l’examen ou que la guerre soit sérieuse. »

Il ne trouva pas sans doute la guerre assez sérieuse, car il ne prit pas de service.

Au printemps il retourna à Iasnaia Poliana et amena avec lui, de Pétersbourg, un musicien allemand, Rudolph, un homme de talent mais qui buvait beaucoup — il avait fait sa connaissance chez des amis — et il s’adonna avec passion à la musique.

Ensuite, jusqu’à son départ au Caucase, en 1851, Léon Nikolaievitch partagea son temps entre Moscou et Iasnaia, faisant succéder à des périodes d’ascétisme, les orgies, les chasses, les tziganes.

En effet, pendant ces trois années de sa vie, Léon Nikolaievitch a goûté à tout ce qui est accessible à une nature forte, passionnée, talentueuse, jeune. Pendant ces trois années il n’écrivit pas son jour-