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VIE ET ŒUVRE

savoir m’entraîna de nouveau au loin. C’était en 1848 et je ne savais encore qu’entreprendre. À Pétersbourg, deux voies s’ouvraient devant moi : je pouvais entrer à l’armée pour prendre part à la campagne hongroise, ou terminer mes études universitaires afin d’obtenir ensuite un emploi de fonctionnaire. Mais ma soif de savoir vainquit l’ambition et je me remis à travailler. Je passai même les deux examens de droit criminel, mais ensuite toutes mes bonnes intentions s’évanouirent. Le printemps est venu et le charme de la vie de la campagne m’attira de nouveau dans mes terres[1]. »

Cette période de la vie à Pétersbourg, nous pouvons la suivre en détail d’après les lettres de Léon Nikolaievitch à son frère Serge, dont nous citerons quelques passages d’un caractère général.

« 18 février 1848.

« Je t’écris cette lettre de Saint-Pétersbourg où j’ai l’intention de me fixer pour toujours… Tous, sauf Ferzen et Lvov, m’exhortent de rester ici et d’entrer au service… J’ai résolu de rester ici, de passer l’examen, et ensuite de demander un emploi, et si je ne suis pas reçu à l’examen (tout est possible), je commencerai le service par le 14e degré. Je connais des fonctionnaires de la seconde catégorie qui ne servent pas plus mal que ceux de la première. Je te dirai brièvement que la vie à Pétersbourg a sur moi une très grande et très bonne

  1. H. Löwenfeld : Gespræche mit und über Tolstoï. Leipzig, p. 87.