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Le mal principal c’était la conviction que le « comme il faut » est une situation privilégiée de la société, que l’homme ne doit pas essayer de devenir ou fonctionnaire, ou fabricant, ou soldat, ou savant, quand il est comme il faut ; qu’ayant atteint cette situation, il remplit déjà sa destinée et même, devient supérieur à la plupart des hommes.

« À une certaine époque de la jeunesse, après beaucoup de fautes et d’entraînements, chaque homme se met ordinairement dans la nécessité de prendre une part active à la vie sociale, choisit une branche quelconque du travail et s’y consacre ; mais avec un homme comme il faut cela arrive rarement. J’ai connu et je connais beaucoup d’hommes vieux, orgueilleux, ambitieux, aux jugements sévères, qui, si dans l’autre monde on leur posait ces questions :

« Qu’es-tu ? Qu’as-tu fait là-bas ? » ne pourraient que répondre : Je fus un homme très comme il faut[1]. »

Comme l’a dit Léon Nikolaievitch dans sa conversation avec son biographe allemand Löwenfeld, à côté des occupations universitaires qui, en général, l’intéressaient très peu, en lui se développait l’intérêt pour le travail mental, indépendant. Cet intérêt fut provoqué par une étude comparative de l’Esprit des Lois de Montesquieu et du Message de Catherine II.

  1. Œuvres complètes de L.-N. Tolstoï. P.-V. Stock, éditeur, tome II, la Jeunesse, chap. XXI, page 190.