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VIE ET ŒUVRE

l’artiste et du penseur. Et c’est maintenant seulement que nous voyons la floraison complète de ces germes spirituels implantés chez Léon Nikolaievitch lors de sa tendre enfance.

Élevé dans un milieu patriarcal, aristocratique, et religieux à sa manière, Léon Nikolaievitch, dans son enfance, s’imprégna l’âme de tout ce qu’il y avait de meilleur dans ce milieu et fut sincèrement religieux. Nous trouvons des indications de ce fait dans l’Enfance. Mais cette religiosité « habituelle » disparut au premier contact du rationalisme. Dans ses Confessions, il raconte ainsi son éducation religieuse de ce temps.

« J’ai été baptisé et élevé dans la religion chrétienne orthodoxe. On m’a enseigné cette religion dès l’enfance et durant mon adolescence et ma jeunesse. Mais quand à dix-neuf ans je finis ma deuxième année de l’Université, je ne croyais déjà à rien de ce qu’on m’avait enseigné. À en juger par quelques souvenirs, je n’avais jamais eu une foi sérieuse, j’avais seulement confiance en ce que les grandes personnes professaient devant moi, mais cette confiance était très chancelante.

« Je me rappelle que quand j’avais onze ans, un jeune lycéen mort depuis longtemps, Volodia M., qui venait chez nous le dimanche, nous annonça comme la dernière nouveauté la découverte faite au lycée : que Dieu n’existe pas et que tout ce qu’on nous a enseigné n’est que pure invention (c’était en 1838). Je me souviens que mes frères aînés furent fort