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LÉON TOLSTOÏ

je me retournais subitement du côté opposé, espérant saisir à l’improviste le Néant où je n’étais pas[1]. »

L’Adolescence se termine par la description de l’amitié de Nicolas Irténiev et de Nekhludov[2].

Dans la conclusion de cette nouvelle, Léon Nikolaievitch décrit l’idéal qu’il s’efforça d’atteindre toute sa vie et vers lequel il aspire encore maintenant, au terme de ses jours.

« Il va sans dire que sous l’influence de Nekhludov j’adoptai malgré moi ses idées, dont la principale était l’adoration enthousiaste de l’idéal de la vertu et la conviction que la destination de l’homme est de se perfectionner sans cesse. Et alors corriger toute l’humanité, détruire tous les vices et les maux dont souffrent les hommes me paraissait la chose la plus réalisable. Il me paraissait très facile et très simple de me corriger moi-même, de posséder toutes les vertus, d’être heureux…[3]. »

Il est indiscutable que cette propension au raisonnement abstrait, cette lucidité, cette aspiration vers l’idéal, toutes ces qualités qui se manifestaient chez l’enfant n’étaient que les éléments qui collaborèrent au développement de l’âme harmonieuse de

  1. Œuvres complètes du comte L.-N. Tolstoï, P. V. Stock, éditeur, tome i, l’Adolescence, pages 298-299-300-301.
  2. Pour la description de cette amitié je me suis inspiré de mon amitié ultérieure avec Diakov, pendant ma première année à l’Université de Kazan. L.-N. Tolstoï.
  3. Œuvres complètes du Comte L.-N. Tolstoï, Éditeur Stock, tome ier, page 338.