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VIE ET ŒUVRE

un nez si large, les lèvres si grosses et des yeux gris si petits. Je priais Dieu de faire un miracle, de me transformer en un joli garçon, et j’aurais donné tout ce que j’avais dans le présent, et tout ce que je pouvais avoir dans l’avenir, en échange d’une jolie figure[1]. »

Aussitôt que l’homme regarde en lui-même, commence la lutte des sentiments les plus divers. S’il est raisonnable et moral, il ne doit pas être satisfait de son examen et ce sentiment doit provoquer en lui la tendance vers la perfection extérieure et vers la perfection intérieure.

Comme la perfection extérieure n’est pas en notre pouvoir (par exemple s’amincir le nez), si l’homme y attache son attention, il en éprouve des souffrances terribles. Mais si sa raison est forte, elle le conduira sur le chemin de la perfection intérieure et lui ouvrira la perspective du bonheur infini.

C’est cette lutte des sentiments et des pensées que nous pouvons suivre dans l’enfant, l’adolescent et le jeune homme que dépeint Tolstoï dans Nikolenka Irténiev et auquel il prête sa mentalité profonde, très riche, en nous en montrant le développement.

Selon l’affirmation de Tolstoï, les premières années de sa jeunesse furent influencées par le désir d’imiter son frère Serge, qu’il aimait et admirait particulièrement, tandis que, dans les années suivantes, il subit l’influence de son frère Nicolas, qu’il

  1. Œuvres complètes du comte L.-N. Tolstoï ; Stock, éditeur, t. ier, l’Enfance, pp. 104-105.