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VIE ET ŒUVRE

jusqu’à son retour… Elle était revenue par hasard sans prévenir et amenait avec elle une amie. Comme on ferme rarement les portes la nuit, dans les villages russes, elle était venue, ne pensant pas éveiller quelqu’un.

« J’appris la vérité quand Ivan m’apporta le thé du matin. Aussitôt je me mis à faire ma malle afin d’être prêt à partir le jour même. Quand je descendis à onze heures pour le café, je trouvai au salon Mme Uchkov, seule, et je dus me présenter moi-même. On avait dû, pour expliquer ce qui était arrivé la nuit précédente, lui raconter mon histoire, car elle me dit :

— « Alors vous étiez à Kazan ce printemps dernier, et vous avez vu mon mari qui vous a dit qu’il était tout à fait aveugle. Je vous assure qu’il n’y a pas un mot de vrai à cela. Il voit aussi bien que vous et moi. C’est une de ses manies pour se rendre intéressant.

« Je lui affirmai qu’il me semblait réellement aveugle, mais je ne pus l’en convaincre.

« Le comte Tolstoï eut l’occasion de me dire par la suite que, bien que séparée de son mari depuis longtemps et ne l’ayant pas vu depuis plusieurs années, elle était en rapports des plus amicaux avec lui. »[1]

Nous indiquerons maintenant quelques moments

  1. Eugène Skyler : Souvenirs du Comte L,-N. Tolstoï, Rouskaia Starina (l’Antiquité russe), octobre 1890.