raconte ainsi sa connaissance avec la famille Uchkov. Nous citerons ces souvenirs ici, pour ne plus revenir à ces personnages. Il fit connaissance d’Uchkov lui-même à Kazan.
« Je pénétrai, raconte Skyler, dans une maison très belle et bien ordonnée ; je remis une carte de visite et une lettre d’introduction à un valet qui revint me demander d’attendre un peu. Pendant que j’attendais, je remarquai que la lettre, non ouverte, était posée sur une chaise. Enfin entra le général. C’était un vieillard de corpulence moyenne, à la physionomie très bonne et sympathique.
« Il me pria de m’asseoir, s’assit lui-même et, après quelques paroles, me dit :
« — Je crois que vous avez apporté la lettre de mon neveu Léon, où est-elle ?
« — Vous devez être assis dessus.
« Il se leva, prit la lettre et, me la tendant, dit :
« — Ayez la bonté de me la lire, je suis tout à fait aveugle. »
« La situation était très gênante, mais impossible de l’éluder. Bien que la lettre fût très flatteuse et bienveillante pour moi, je me crus obligé d’en passer un paragraphe entier. Maintenant, je regrette de l’avoir rendue au vieillard au lieu de l’avoir mise dans ma poche et gardée comme souvenir.
« Dans l’autre chambre il y avait deux pianos, et, incidemment, le général m’apprit qu’il avait tou-