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VIE ET ŒUVRE

ques-uns vivaient, toujours dans notre maison, tandis que les autres ne venaient là qu’en passant. Au nombre de ceux qui vivaient constamment chez nous se trouvait une nommée Maria Guérassimovna, marraine de ma sœur. Dans sa jeunesse elle allait de couvent en couvent sous l’aspect de l’innocent Ivanouchka. Maria Guérassimovna était la marraine de ma sœur parce que ma mère le lui avait promis, si par ses prières à Dieu elle lui obtenait une fille ; car ma mère, après ses quatre fils, désirait beaucoup une fille. La fille naquit et Maria Guérassimovna fut sa marraine. Elle vivait en partie dans le couvent des femmes de Toula et, le reste du temps, chez nous.

« La tante Alexandra Ilinichna était non seulement religieuse en pratique, c’est-à-dire observant les jeûnes, priant beaucoup et s’entretenant avec les gens de vie sainte, comme en son temps le père Léonide, du couvent Optini-Poustine, mais elle vivait de la vraie vie chrétienne, évitait non seulement le luxe, l’assistance des valets, mais tâchait elle-même de servir les autres. Elle n’avait jamais d’argent puisqu’elle distribuait à ceux qui demandaient tout ce qu’elle avait.

« La femme de chambre Gacha qui, à la mort de notre grand’mère, passa à son service, m’a raconté que, quand elle vivait à Moscou, pour aller à l’église elle passait sur la pointe des pieds devant la femme de chambre qui dormait et faisait elle-même tout ce que, selon les coutumes admises, la