ne faisait que se retourner pour regarder si on les poursuivait, et il stimulait le cocher.
« Par malheur, sur un chemin aboutissant à la grand-route, se montra une voiture. Il s’écria qu’ils étaient perdus et lui ordonna de tirer, tandis que lui-même tirait à bout portant dans la poitrine de sa femme. Saisi sans doute de ce qu’il avait fait, et voyant que la voiture qui l’avait effrayé avait tourné d’un autre côté, il s’arrêta, porta ma tante ensanglantée hors de la voiture, la déposa sur la route et s’enfuit. Heureusement pour ma tante, des paysans passèrent bientôt ; ils la relevèrent et la transportèrent chez le pasteur qui pansa comme il put sa blessure et fit mander un médecin. La blessure était au côté droit de la poitrine (ma tante m’en a montré la marque) ; elle n’était pas très grave.
« Pendant qu’on la soignait chez le pasteur, son mari, s’étant ravisé, vint l’y rejoindre et raconta au pasteur quel malheur lui était arrivé, comment il l’avait blessée et demanda à la voir. Cette entrevue fut terrible.
« Rusé comme tous les fous, il feignit de se repentir et de ne se soucier que de sa santé. Après être resté assez longtemps avec elle, causant très raisonnablement de toutes choses, il profita d’un moment qu’ils étaient seuls pour essayer d’exécuter ses plans. Sous prétexte de vouloir se rendre compte de son état, il lui demanda de lui montrer sa langue ; aussitôt qu’elle l’eut tirée, il la lui