à Iasnaia Poliana et ce furent sa sœur, Alexandra Ilinichna, et son fils aîné, Nicolas, qui l’ensevelirent.
La mort de son père fut l’une des impressions les plus fortes de l’enfance de Léon Nikolaievitch. Cette mort, dit-il, pour la première fois provoqua en lui le sentiment de la crainte religieuse devant les questions de la vie et de la mort. Comme son père n’était pas mort en sa présence, pendant longtemps il ne put croire qu’il n’était plus. Longtemps après, en rencontrant des inconnus dans les rues de Moscou, il était presque convaincu qu’il allait se trouver vis-à-vis de son père vivant, et ce sentiment d’espoir et d’incroyance en la mort provoquait en lui un attendrissement particulier.
Après la mort du père, la famille resta à Moscou l’été, et ce fut la première fois, et peut-être la seule, que Léon Nikolaievitch passa l’été en ville. Il a gardé une vive impression de leur voyage hors de la ville, avec quatre bais qu’on avait, pour ce voyage, attelés en flèche : la beauté des environs de Kountzevo, de Neskoutchnoié, et, avec cela, les odeurs nauséabondes des fabriques qui déjà gâtaient les environs de Moscou.
La mort de son fils fut un coup terrible pour la grand-mère Pélagie Nikolaievna. Elle ne cessait de pleurer, et donnait l’ordre de laisser ouverte toute la nuit la porte de la chambre voisine, prétendant voir là son fils et causer avec lui. Et parfois elle demandait avec effroi à ses filles : « Est-ce vrai ? Est-ce possible qu’il n’existe plus ! »