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VIE ET ŒUVRE

tel qu’il était : un être original, beau, raffiné, fier et, principalement, sincère à un degré que je n’ai jamais vu atteindre. Il était ce qu’il était, ne cachait rien et ne voulait paraître rien.

« J’aurais toujours voulu me trouver en la société de Nicolas, lui causer, discuter avec lui. Serge, je ne voulais que lui ressembler. Ce désir de l’imiter remonte à ma tendre enfance. Il avait des poules et des poulets. Je voulus les pareils. Ce fut peut-être ma première initiation à la vie des animaux. Je me souviens des poulets de diverses races : gris, bruns, huppés, qui accouraient à notre appel. Je me rappelle comme nous leur donnions à manger et détestions le grand coq hollandais qui les pourchassait. C’était Serge qui avait inventé ces poulets.

« Il les avait demandés. J’avais suivi son exemple. Sur une grande feuille de papier, Serge dessinait en couleur (admirablement bien, me semblait-il) des poulets et des coqs et je faisais la même chose, mais beaucoup plus mal. (C’était en cet art que je voulais me perfectionner par la « Montagne des Fanfarons »). C’était Serge qui avait inventé, quand les doubles fenêtres étaient placées pour l’hiver, de nourrir les poules par les fentes de la porte, et, à cet effet, nous faisions tous deux des espèces de grandes saucisses de pain blanc et de pain noir, car je l’imitais aussi en cela. »

Ajoutons encore quelques souvenirs détachés que nous a racontés Léon Nikolaievitch et auxquels il