se rapportent à la période de la jeunesse ; ici nous citerons un extrait de ses souvenirs sur son frère Serge, qui datent de l’enfance.
« Avec Mitenka, j’étais camarade. Je respectais Nikolenka, mais Serge je l’admirais et l’imitais. Je l’aimais et aurais voulu être lui.
« J’admirais son joli visage, sa belle voix, — il chantait toujours, — ses dessins, sa gaîté, et surtout, c’est étrange à dire, la spontanéité de son égoïsme. Je me rappelle que j’étais toujours préoccupé de ma personne : je sentais toujours, exactement ou non, ce qu’on pensait de moi, les sentiments que j’inspirais aux autres, et cela me gâtait toute joie. C’est probablement pourquoi j’aimais tant chez les autres le contraire de ce sentiment : la spontanéité de l’égoïsme. Et c’est pourquoi j’aimais particulièrement Serge. Le mot aimer n’est pas juste ici. Nicolas, je l’aimais ; mais Serge, je l’admirais comme un être tout à fait étranger à moi, incompréhensible. Cette vie d’un être humain me paraissait très belle, mais je ne la comprenais pas ; elle restait mystérieuse pour moi et c’est pourquoi particulièrement attirante.
« Il est mort ces jours-ci ; et durant sa maladie, avant sa mort, et en mourant, il me fut aussi incompréhensible, aussi cher, qu’à l’époque lointaine de l’enfance. Devenu vieux, vers la fin de sa vie, il m’aimait davantage ; il appréciait mon amitié, il était fier de moi. Il désirait partager mes opinions, mais ne le pouvait pas, et, jusqu’à la fin, il resta