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LÉON TOLSTOÏ

n’aient plus de malheur, ne se querellent jamais et soient toujours heureux, était écrit par lui, nous disait-il, sur un petit bâton vert, et ce bâton vert était enfoui dans le chemin, au bord d’un ravin (Starï-Zakaz), à cet endroit où, puisqu’il faudra quelque part enfouir mon corps, j’ai demandé d’être enseveli en souvenir de Nikolenka.

« Sauf ce bâton, il y avait encore une certaine montagne, la « Montagne des Fanfarons », où il nous disait pouvoir nous conduire, si nous remplissions toutes les conditions exigées pour cela. Ces conditions étaient : 1o Se mettre dans un coin et ne pas penser à l’ours blanc. Je me rappelle que je me mettais dans un coin et faisais des efforts inouïs, mais vains, pour ne pas penser à l’ours blanc. 2o Passer sans buter sur les fentes du plancher ; et, 3o Pendant une année ne pas voir un lièvre ni vivant, ni mort, ni rôti. Ensuite il fallait jurer de ne révéler à personne ce secret. Celui qui remplirait ces conditions et d’autres encore plus difficiles qui lui seraient posées après, celui-ci pourrait obtenir la réalisation d’un souhait quel qu’il fût. Nous devions formuler nos souhaits. Sérioja désirait savoir faire des chevaux et des poules en cire ; Mitenka pouvoir dessiner toutes sortes d’objets, en grand, comme les peintres. Moi, je ne pouvais rien inventer, sauf le désir de tout dessiner en petit.

« Tout cela, comme il arrive chez les enfants, fut bientôt oublié, et personne ne monta sur la « Mon-