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LÉON TOLSTOÏ

jeux des frères cadets avec l’aîné Nikolenka, dont Léon Nikolaievitch, dans ses notes, rappelle souvent l’influence sur toute sa vie. Tels sont les souvenirs sur la « Montagne des Fanfarons », sur les « Frères Fourmis » et sur le « Petit bâton vert ».

« Oui, la « Montagne des Fanfarons », c’est l’un des souvenirs les plus lointains, les plus chers, les plus importants. Mon frère aîné, Nikolenka, avait six ans de plus que moi. Il avait de dix à onze ans et, par conséquent, moi, de quatre à cinq, quand il nous conduisait à la « Montagne des Fanfarons ».

« Je ne sais comment cela se fit, mais nous lui disions « vous ». C’était un enfant extraordinaire, et, dans la suite, un homme aussi extraordinaire. Tourgueniev a dit de lui avec raison : « Il n’a pas précisément ces défauts qui sont nécessaires pour être écrivain. » Il n’avait pas le défaut principal nécessaire pour cela : il n’avait pas d’ambition. Il se désintéressait complètement de l’opinion que pouvaient avoir de lui les autres. Mais il possédait des qualités d’écrivain ; — il avait avant tout le goût fin, artistique, le sentiment très développé de la mesure, la bonne humeur, la gaieté, une imagination extraordinaire, inépuisable et véridique, des idées très hautes sur la vie, et tout cela sans la moindre forfanterie. Il avait tant d’imagination qu’il pouvait improviser des contes ou des histoires de brigands ou des histoires humoristiques, genre de Mme Ratcliffe, sans arrêt, des heures entières, et