Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 1.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
VIE ET ŒUVRE

les domestiques, très nombreux, une trentaine, se costumaient de différentes façons, venaient dans notre maison où ils jouaient à divers jeux, et dansaient aux sons du violon du vieux Grégori qui ne paraissait à notre maison qu’à cette époque. C’était très gai. Les masques, comme toujours, c’étaient l’ours et son montreur, la chèvre, les Turcs et les Turques, les Tyroliens, les brigands ; les paysans se déguisaient en femmes, et les femmes en hommes. Je me rappelle que quelques-unes me paraissaient fort braves, et en particulier Macha, costumée en Turque.

« Parfois, tante nous habillait aussi. Nous convoitions surtout une ceinture quelconque ornée de pierreries et des serviettes de mousseline, brodées d’or et d’argent, et je me trouvais très beau avec mes moustaches au bouchon brûlé. Je me rappelle que, regardant dans le miroir mon visage orné de moustaches et de sourcils noirs, je ne pouvais retenir un sourire de plaisir, alors qu’il me fallait avoir la mine grave d’un Turc.

« Tous ces gens masqués se promenaient dans toutes les chambres et on les régalait de diverses friandises. Une fois, pendant les fêtes de Noël, dans ma tendre enfance, tous les Isléniev vinrent chez nous déguisés : le père, — le grand-père de ma femme, — ses trois fils et ses trois filles. Tous avaient de ces costumes extraordinaires pour nous. Il y en avait un qui représentait une grosse botte, l’autre un paillasse de carton, et encore d’autres