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LÉON TOLSTOÏ

elle mourut dans notre maison, à cette même place où je suis assis maintenant pour écrire ces souvenirs.

« Son frère, Nicolas Philippovitch, était cocher ; non seulement nous l’aimions, mais, comme la plupart des enfants des maîtres, nous avions pour lui un très grand respect. Il portait de grandes bottes toutes particulières et de lui émanait toujours une odeur agréable de fumier ; sa voix était douce et sonore.

« Je dois mentionner aussi le sommelier Vassili Troubetzkoï. C’était un homme agréable, affectueux, qui, évidemment, aimait beaucoup les enfants ; c’est pourquoi il nous aimait, et, en particulier, Serge, chez qui il servit plus tard et mourut. Je me rappelle le bon sourire de son visage doux, ridé, et aussi l’odeur particulière, quand il nous soulevait dans ses bras et nous mettait sur un plateau (c’était un de nos grands plaisirs) et que nous lui criions : « À moi ! À mon tour ! » et il nous portait jusqu’à la réserve, endroit mystérieux pour nous où était l’entrée de la cave. Un des vifs souvenirs liés à lui, c’est son départ pour Tcherbatchevka, domaine de la province de Koursk, que mon père avait hérité de Mme Pérovsky. C’était (le départ de Vassili Troubetzkoï) pendant les fêtes de Noël, au moment où nous tous, les enfants, et quelques domestiques, jouions dans le salon.

« Sur les divertissements de Noël, il faut dire quelques mots. Voici en quoi ils consistaient. Tous