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VIE ET ŒUVRE

si large bouche, qu’il avala la chaînette. Elle resta inconsolable jusqu’à ce que le docteur fût venu et nous ait rassurés tous.

« C’était une enfant sans intelligence, mais bonne et simple, et surtout tellement innocente qu’entre nous, les garçons, et elle il n’y eut jamais que des rapports fraternels[1]. »

Excessivement intéressants et précieux, bien que peu nombreux, sont les renseignements que L.-N. Tolstoï donne des domestiques qui entourèrent son enfance. Ces renseignements servent de supplément à ce qu’il a écrit dans l’Enfance. Nous les empruntons à ses souvenirs.

« J’ai décrit assez exactement Prascovie Issaievna dans l’Enfance. Tout ce que j’ai dit d’elle est réel. Prascovie Issaievna était une femme de charge, très respectable ; dans sa petite chambre se trouvait notre vase de nuit d’enfant. Une des impressions très agréables que je me rappelle, c’était, après la leçon, ou au milieu de la leçon, d’aller s’asseoir dans sa chambre, et de causer avec elle ou de l’écouter.

« Elle aimait probablement à nous voir dans ce moment de franchise particulièrement heureuse et tendre : — « Prascovie Issaievna, comment grand-père faisait-il la guerre ? À cheval ? » lui demandait-on, en s’efforçant, uniquement pour causer et écouter. — « Il a fait la guerre de toutes les façons ;

  1. Des notes mises à ma disposition, en brouillon, et non corrigées. P. B.