profondément reconnaissant à mes maîtres, — j’étais habitué à les regarder avec le plus grand respect. Si quelques-uns d’entre eux manquaient de franchise, s’il y avait dans leur vie des moments de faiblesse, le but de leur existence, bien que pratiquement inepte, était si élevé que je suis heureux d’avoir appris dans l’enfance à comprendre inconsciemment la grandeur de leurs actes. Ils faisaient ce dont parle Marc-Aurèle : « Il n’y a rien de plus grand que de supporter le mépris pour la vie bonne. » La séduction de la gloire humaine qui se mêle toujours aux beaux actes est si nuisible, si inévitable qu’il est impossible de ne pas sympathiser aux tentatives non seulement de s’affranchir de la louange, mais même de provoquer le mépris des hommes. Maria Guerassimovna, la marraine de ma sœur, était une pareille innocente. Un autre innocent, Evdokimouchka, et quelques autres étaient également nos hôtes.
« Étant enfants, nous écoutions la prière non d’un innocent, mais d’un idiot, Achim, l’aide du jardinier, qui faisait ses prières dans la grande galerie de la maison d’été, entre les deux serres, et, en effet, j’étais profondément frappé et touché par sa prière où il parlait à Dieu comme à une personne vivante :
« Tu es mon médecin, tu es mon pharmacien », disait-il avec une confiance imperturbable. Et ensuite il chantait le verset du jugement dernier : Dieu séparant les justes des pécheurs et remplis-