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VIE ET ŒUVRE

exprès pour sentir ce qu’avait éprouvé Muscius Scévola. Telle elle était en tout : résolue et dévouée.

« Elle devait être très attrayante avec sa longue tresse noire, souple, ses yeux noirs d’agathe et son expression énergique et animée. V.-J. Uchkov, le mari de la tante Pélagie Ilinichna, grand viveur, quand il était déjà tout vieux parlait d’elle avec ce sentiment des amoureux parlant de l’ancien objet de leur flamme. Il se rappelait d’elle : — « Toinette ! Oh, elle était charmante ! »

« Quand je commençai à la comprendre elle avait déjà plus de quarante ans, et je ne me suis jamais demandé si elle était belle ou non : je l’aimais tout simplement, et j’aimais ses yeux, son sourire, sa main brune, large, courte, traversée d’une veine énergique.

« Il est probable qu’elle aima mon père et que mon père l’aima ; mais elle ne l’épousa pas, dans sa jeunesse, afin qu’il pût se marier avec ma mère qui était riche ; et après la mort de ma mère elle ne l’épousa pas non plus, ne voulant point altérer les liens purs, poétiques qui l’unissaient à lui et à nous. Parmi ses papiers, dans un petit portefeuille de perles, on trouva le billet suivant écrit en 1836, six ans après la mort de ma mère :

« 16 août 1836, Nicolas m’a fait aujourd’hui une étrange proposition,, celle de l’épouser, de servir de mère à ses enfants et de ne jamais les quitter. J’ai refusé la première proposition, j’ai