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LETTRE II

Une dame de San-Francisco. — Les ours gris. — Le « joyau des sierras ». — Une histoire tragique. — Un carnaval de couleurs.
Cheyenne, Wyoming, 7 septembre.

À mesure que la nuit s’avançait, le froid devenait plus intense, et chacun était attiré par le poêle. Une dame de San-Francisco, très-peinte, vêtue de velours vert émeraude orné de dentelles de Bruxelles et portant des diamants, bavardait sans interruption pour l’amusement de la compagnie et décrivait des gens et des scènes, avec un fort accent de l’Ouest, sans se gêner le moins du monde pour ce qu’elle disait. Dans quelques années, Tahoe, grâce à sa facilité d’accès, sera inondé pendant l’été de gens aussi vulgaires. Je soutins la réputation que nous avons en Amérique, car j’étais « fagotée », et, sentant que j’allais servir de but aux saillies de l’orateur, je fus enchantée quand la maîtresse de l’hôtel, une Anglaise très comme il faut, me demanda de me joindre à elle et à sa famille dans le bar-room, où nous avons parlé longtemps des environs et de leurs bêtes sauvages, surtout des ours. La forêt en est remplie, mais ils ne vous attaquent jamais, à moins qu’ils ne soient blessés ou tourmentés par les chiens, ou encore lorsqu’une ourse croit que vous voulez inquiéter ses petits.