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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

le lait et le miel ». Les granges sont pleines à éclater. Dans les vergers poudreux, on a mis des supports aux branches des poiriers et des pommiers, afin qu’elles ne puissent rompre sous le poids des fruits. On ne prend aucun soin des melons, des tomates et des courges d’une taille gigantesque qui restent sur le sol ; un bétail gras, gorgé de nourriture, s’abrite sous les chênes ; de superbes chevaux « rouges » reluisent au soleil ; et partout des fermes florissantes montrent sur quelle base solide est fondée la prospérité du pays de l’or. En dépit de sa richesse, la brillante vallée du Sacramento est peu attrayante, et encore bien moins, la ville de Sacramento, qui, à une distance de cent vingt-cinq milles[1] du Pacifique, n’a qu’une élévation de trente pieds. Le mercure marquait 30°[2] à l’ombre, et une fine poussière blanche vous suffoquait.

Hier, dans l’après-midi, nous avons commencé l’ascension des sierras, dont on apercevait les pointes dentelées depuis plusieurs milles. Nous avons laissé en arrière la fertilité poudreuse ; le pays est devenu rocheux et profondément coupé par des rivières qui portent le lavage boueux des mines d’or des montagnes, au Sacramento plus boueux encore. On apercevait de longues chaînes de montagnes séparées, et de profonds ravins ; les montagnes s’allongeant, les ravins devenant plus profonds, à mesure que nous montions dans une atmosphère d’une pureté délicieuse, et, avant six heures, nous avions laissé derrière nous les dernières traces de culture.

  1. Le mille anglais a 1 609,3 m.
  2. Fahrenheit.