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FONDEMENTS DE LA PSYCHOLOGIE. 5


fil de ses méditations, qu'il ne réussit dès lors à renouer que par une lutte continuelle contre les exigences de sa position politique. En résultat, l'Essai sur les fondements de la Psychologie resta en portefeuille pendant dix ans, rouvert de temps à autre, livré en partie aux soins d'un copistè, corrigé quelquefois, et plus souvent couvert dans les marges de notes qui n'étaient pas reliées au texte. M. de Biran détacha quelques fragments de son manuscrit pour des lectures à une société philosophique; il en fit passer une partie, pour le fond des idées, dans l'Examen des leçons de M. Laromiguière, publié en 1817; enfin, en 1822, il forma de nouveau le projet ferme de donner son grand travail au public. On lit en effet, dans son Journal intime, sous la date du 24 octobre 1822, les réflexions suivantes qui sont relatives à ses travaux des jours précédents « Je revenais avec attrait sur mes anciennes idées; « je relisais mes manuscrits avec intérêt, et en pensant sérieusement à en former un ouvrage que je pourrais bientôt publier. » Les manuscrits dont il est ici question sont bien certainement ceux de l'Essai, car on trouve dans une marge dudit Essai une note, datée par une exception unique, et la date est celle du 10 octobre 1822. En revenant à son manuscrit de 1812, il ne s’agissait pas seulement pour l'auteur d'en revoir quelques détails, ou d'y introduire quelques changements pour l'ordre et la forme de la rédaction. Dix années de réflexion avaient modifié ses vues sur des points essentiels, et il fallait introduire dans le travail ancien le résultat des pensées nouvelles. M. de Biran paraît avoir reconnu que ce remaniement lui coûterait plus de peine qu'une construction nou- velle. Ce qui est certain, c'est qu'en 1823 il se décida à laisser définitivement de côté ses manuscrits antérieurs, et commença, sur un plan nouveau, la rédaction d'un travail