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VI OEUVRES DE M. DE BIRAN.

comme la fin dernière et seule légitime du développement des âmes.

Ainsi, lorsque M. de Biran, au terme de sa carrière, traça sa triple division des faits de l'existence humaine, il ne fit que raconter son propre développement : sa théorie des trois vies était sa propre histoire. Ses travaux, d’après les indications qui résultent de ces travaux eux-mêmes, se répartissent donc en trois périodes. La première période commence en 1794, date des premières ébauches de l’auteur, et s'étend jusqu’en 1804. M. de Biran se pose en disciple de Condillac; il répète, avec Cabanis et de Tracy, que les impressions faites sur les sens sont l'unique origine de toute la pensée. À la vérité, un regard attentif discerne déjà, dans les travaux de l'idéologue, les signes pré- curseurs d’un prochain affranchissement. Mais ces germes d’un autre avenir, enveloppés encore et inaperçus de l’écrivain lui-même, ne doivent pas empêcher de désigner cette première période sous le titre de Philosophie de la Sensation. La seconde période (1804 à 1848) est celle de la Philosophie de la Volonté. M. de Biran met en lumière, avec toutes ses conséquences, ce fait de l’activité de l’âme que M. de Tracy avait indiqué sans pouvoir en tirer parti, et dont M. Laromiguière devait plus tard réclamer les droits timidement et d'une manière incomplète. Cette restauration de la puissance active et libre dans l'analyse de la nature humaine était, jusqu’à la publication d'un volume