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INTRODUCTION DE L'ÉDITEUR. y

humaine avait successivement révélés à son observation, dans les trois classes suivantes, qu’il appela des vies : La vie animale, qui se caractérise par des impressions, des appétits et des mouvements, organiques dans leur origine, et régis par la loi de la nécessité. La vie humaine , résultant de l’apparition de la volonté libre et de la conscience de soi. La vie de l’esprit, qui commence au moment où l'âme, affranchie du joug des penchants inférieurs, se tourne vers Dieu, et trouve en Dieu sa force et son repos. Or, les trois vies n’étaient pas seulement le résultat dernier des observations du philosophe, c’étaient aussi les trois degrés successifs par lesquels il s'était élevé à une possession de plus en plus complète de la vérité. Il avait commencé par croire, ou tout au moins par dire, avec l’école régnante dans sa jeunesse, que cette sensibilité physique par laquelle l’homme se rapproche de l'animal suffit à expliquer l’homme tout en entier. [l avait ensuite professé que la force propre de la volonté consciente, dans sa réunion avec les éléments de la vie inférieure, explique tous les phénomènes, et que la domination de la force libre sur les penchants aveugles est le terme le plus élevé de la destinée humaine. Il avait enfin affirmé que si la volonté se sent faite pour régner sur les éléments de la nature animale, elle ne se sent pas moins constituée en dépendance d'un ordre supérieur et divin, où elle doit chercher son appui. La vie de l'esprit s’était dès lors manifestée à ses yeux