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IV OEUVRES DE M. DE BIRAN.

d’une destinée philosophique qui se distingue des deux destinées précédentes. Il n'y a pas d'unité dans son œuvre: sa fin contredit son commencement: Il n’y a pas non plus un moment.qu’on puisse assigner, où une pensée nouvelle, surgissant dans son esprit, vienne couper en deux parties distinctes sa vie scientifique. Il se modifie, mais d’une manière progressive et sans brusques transitions. Sa pensée va toujours en avant, par un mouvement continu ; et plus on l’étudie de près, plus on y découvre, à chaque moment, la trace du moment qui précède et le germe du moment qui suit. Malgré toute la distance qui sépare son point d'arrivée de son point de départ, il est difficile de trouver dans sa marche des points d'arrêt véritables. La détermination de périodes dans l'exposition successive de ses doctrines a donc nécessairement quelque chose d’artificiel. Il convenait de signaler, dès le début, ce fait caractéristique, afin que le lecteur n’attribue pas une importance exagérée à des divisions dont une histoire quelconque pour- rait difficilement se passer. Les travaux de M. de Biran lui-même fournissent du reste des secours précieux pour établir, dans son développement philosophique, les périodes les moins artificielles qu'il soit possible d'espérer. 11 a donné, sans y penser, le cadre d'une histoire complète de son existence intellectuelle ; il sera facile de s’en convaincre. Lorsque ce philosophe traça le plan d’un dernier ouvrage que la mort ne devait pas lui permettre d'achever, il groupa tous les faits que la nature