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et l’autre édifice conservent la mémoire du long règne, si favorable au duché de Brabant, pendant lequel ce pays devint un Etat important, commerçant et populeux. L'augmentation de la population est caractérisée par ce fait que l’unique paroisse de Nivelles dut, en 1231, être morcelée de manière à en former onze. Quant au commerce, on peut juger de l’accroissement qu’il prit alors par les mesures, tantôt favorables, tantôt transitoires, dont il fut l’objet en Angleterre.

La personnalité de Henri Ier mérite d’être mise en relief. Les auteurs du temps l’accusent volontiers de duplicité et Philippe Mouskès, en parlant de lui (vers 20,195), a dit :

« Li dus, ki molt sot (sçut) de gille (de tromperie),
« De Louvaing.... »

Ici on ne tient pas compte des difficultés qui entouraient le duc, de sa situation entre la Flandre et le pays de Liège, l’Angleterre, que les intérêts de ses sujets lui commandaient de ménager, et l’Allemagne, dont le souverain était son suzerain ; il eut tour à tour à traiter avec les Guelfes et les Gibelins, les papes et les empereurs, les rois de France et ceux d’Angleterre. Pendant tant d’années où il fut en scène, l’histoire ne lui reproche ni cruauté, ni vice déshonorant. Ses grandes chartes, si nombreuses, permettent de le ranger au premier rang des fondateurs de nos libertés.

Alphonse Wauters.

Gisleberti chronica Hannoniæ. — Gilles d’Orval, dans les recueils de Chapeauville et de Pertz. — Triumphus sancti Lamberti (Ibidem). — Philippe Mouskès. — Butkens, Trophées de Brabant. — Ernst, Hist. du Limbourg. — Wauters, Hist. des environs de Bruxelles, passim ; l’abbaye de Villers, Table chron. des chartes et diplômes imprimés, introductions des t. III et IV, etc.


HENRI II, duc de Lotharingie et de Brabant, né en 1207, mort le 1er février 1248.

Le prince à qui le duc Henri 1er laissa son duché, naquit en 1207, comme nous l’apprennent les Annales Farceuses ; à peine était-il au monde qu’on le fiança, dès le mois de février suivant, à Marie, la quatrième des filles du roi des Eomains, Philippe de Souabe. Le monarque promit que la princesse serait remise immédiatement entre les mains de son futur beau-père et qu’elle hériterait de ses biens comme ses autres filles ; de son côté, Henri l<’r assigna à Marie un douaire produisant par an 1,000 marcs. Cette union se réalisa, en effet, plus tard et contril)ua à rattacher le lîrabant pendant plus d’un quart de siècle à la politi()ue des Hohenstaulfen. Elle fut probablement consommée vers l’année 1226, pendant laquelle le jeune prince fut armé chevalier. 11 n’avait d’abord participé aux affaires politiques que d’une manière passive, et son père le donna plus d’une fois en otage comme garantie de l’exécution de ses promesses. A partir de 1221 on le voit figurer, avec son père, dans les traités et les chartes, surtout dans les diplômes qui concernent la ville de Bruxelles et son territoire ; cette partie du Brabant, en effet, ayant été assignée comme douaire à sa mère Mathilde de Boulogne, morte peu de temps après sa naissance, il y avait des droits particuliers. Il semble même qu’il ne vécut pas toujours en bon accord avec son père au sujet de leur patrimoine commun, car son parent, le roi Henri, fils de l’empereur Frédéric II, déclara, dans une assemblée tenue à Friedberg, le 28 avril 1230, que le duc Henri 1er, étant veuf, ne pouvait aliéner aucun de ses biens ; s’il contrevenait à cette sentence, son fils pouvait reprendre les biens aliénés ou en percevoir les revenus. De là à une révolte ouverte il n’y avait pas loin. A cette époque, l’héritier du Brabant s’était déjà signalé à la guerre. Il avait, en 1228, conduit une campagne vigoureuse contre l’archevêque de Cologne. Bientôt on le voit agir avec une grande indépendance, conclure seul des traités, recevoir des subventions, se conduire enfin comme, s’il était maître de ses actions. En octobre 1230, il se réconcilie avec son beau-frère, Thierri, comte de Clèves ; le 3 juillet 1233 lui et Jean, évêque de Liège, se promettent appui et assistance contre tous en toutes occasions ; le 20 septembre suivant, le roi Henri assigne au