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de Soigne et près de la Dyle : dans une ville neuve qui prit le nom d’Ottenbourg ; à Tervueren, où Henri Ier eut un château dont il affectionnait le séjour ; à Duysbourg (l’ancien Dispargum de Grégoire de Tours), village auquel Henri Ier octroya, le 8 octobre 1226, les immunités déjà attribuées à Tervueren ; à Overyssche, dont l’affranchissement date du mois de décembre 1284 ; à Wavre,qui reçut pour lois les coutumes de Louvain, le 23 avril 1222 ; enfin à La Hulpe, dont la keure porte la date du 3 juin 1230. Dans les derniers temps de sa vie, Henri Ier reporta son attention sur la Campine, où les libertés de Bois-le -Duc furent attribuées : en 1230, à Oosterwyck ; en 1232, à Sint-Oeden-Rode et Eyndhoven ; en janvier 1233, à Grave, etc.

Au milieu de cette foule de franchises de deuxième et de troisième rang, les villes principales grandissaient et devenaient riches et populeuses. Plusieurs fois, notamment en 1194 et en 1213, elles furent appelées à garantir les conditions de traités de paix. Leur vie intérieure est peu connue, mais tout indique qu’elle ne fut pas exempte d’orages ; l’organisation communale y devenait de plus en plus aristocratique, quoiqu’on y eût établi, à côté des échevins, un corps de jurés. Anvers avait perdu ses privilèges lorsque, en 1221, Henri 1er les lui rendit et, le 7 mai de la même année, lui en accorda de nouveaux. Louvain, oii les droits de la gilde communale furent confirmés la même année et où l’on créa pour la première fois des recteurs de la commune ou bourgmestres, en 1219, selon Gramaye, en 1225, selon Divseus, n’obtint pas moins de quatre grandes chartes en mars 1233-1234. Quant à Bruxelles, sa keure criminelle , monument curieux pour l’histoire du droit, date du 9 juin 1229, et la charte réglant l’élection annuelle de ses magistrats : sept échevius et treize jurés, du 26 mars 1234-1235.

Toutes ces innovations et une foule de dispositions que j’ai dû passer sous silence et dont la mémoire s’est presque effacée, attestent d’immenses améliorations apportées dans le sort soit des bourgeoisies, soit des populations rurales ; l’exemple de Henri Ier agit aussi au dehors, surtout vers le nord et l’est. Ce prince, si bienveillant pour son peuple, était aussi très religieux. A Cologne, où il acquit une habitation qui devint depuis un fief tenu du Brabant , lui et Marie de France fondèrent, dans la cathédrale, une chapellenie de la Vierge et des Kois Mages (août 1221). A Aix-la-Chapelle, il institua, en 1223, un autel sous le vocable des saints Simon et Jude. On lui dut encore la fondation, à Sainte-Gudule, de Bruxelles, d’un second chapitre de chanoines (1226), et celle de deux communautés de chanoines de Saint-Augustin : l’une à Louvain, dite de Sainte-Gertrude, l’autre à Bruxelles, celle de Saint-.Tacques-sur-Caudenberg. Il concourut à l’établissement de la léproserie de Ter-Banck, aux portes de Louvain ; de l’abbaye de femmes de l’ordre de Citeaux, dite la Cambre {Caméra), près de Bruxelles ; de l’abbaye de Cisterciens connue sous le nom de Saint-Bernard, à Westmalle, puis à Hemixem, près d’Anvers. L’institut de Cîteaux prit alors un très grand développement. C’est de ce temps que datent Parc-les-Dames, Florivai, Maegdendael ou Op-Linter, Nazareth près de Lierre, ainsi que rile-Duc on Gempe, de l’ordre de Prémontré. Alors commencèrent les béguinages et les couvents d’ordres mendiants, tels que les Frères Mineurs et les Frères Prêcheurs ou Dominicains ; les maisons dépendant des ordres militaires se multiplièrent aussi beaucoup, de même que les hôpitaux et les léproseries.

Il est resté du règne de Henri Ier deux monuments de premier ordre : l’église abbatiale de Villers et le chœur de l’église Sainte-Gudule, de Bruxelles. Dans la première et les bâtiments conventuels qui lui sont contigus règne, dans sa mystérieuse grandeur, le style de la transition romano-ogivale ; quant à la collégiale de Bruxelles, elle présente un des plus beaux exemples connus de l’emploi du style ogival primaire. L’un