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coutumes féodales furent déterminées pour le duché dans une assemblée tenue à Aix-la-Chapelle, sous la présidence du jeune roi Henri. C’est, toutefois, à cette époque que s’introduisit une règle contraire au vieux principe excluant les femmes de la succession aux fiefs ; l(usage de les y admettre fut appelé : Tenir un fief suivant le droit brabançon (jure brabantino), et plus d’une fois approuvé par les rois Henri VI et Philippe de Souabe.

Le droit féodal était alors la grande base de la société européenne. Le duc de Brabant, qui comptait ses vassaux par milliers, était lui-même le vassal du roi des Romains ou empereur d’Allemagne pour son duché, et du roi d’Angleterre pour des terres provenant des comtes de Boulogne. S’il tenait en fief de l’archevêché de Trêves le marquisat d’Arlon, de l’archevêché de Cologne des biens qu’il releva en 1222, de l’évêché d’Utrecht le Veluwe et de l’église de Liège quelques territoires voisins de Tirlemont, il comptait à son tour, parmi ses feudataires, la plupart des princes voisins : le duc de Limbourg pour le marquisat d’Arlon, le comte de Flandre pour la terre d’Alost, le marquis de Namur, le comte de Hollande, le comte de Gueldre pour le Veluwe, le comte de Looz, etc. Ses relations avec eux furent souvent troublées et provoquèrent plus d’un conflit ; il sortit cependant avec honneur de ces difficultés. Il eut aussi à déterminer les devoirs de quelques-uns de ses barons et, en particulier, des seigneurs de Breda et des Berthout. Une branche de ceux-ci, les seigneurs de Grimberghe, se fractionna en 1197, et chacune des deux branches, ainsi que Guillaume de Grimberghe, seigneur d’Assche, se réconcilia avec Henri Ier en 1224 ; une autre branche, les seigneurs de Malines, agit plus d’une fois avec indépendance, parce qu’elle était appuyée par les évêques de Liège, avec qui elle partageait la juridiction à Malines. Les grandes abbayes et grands chapitres n’obéissaient également qu’à regret, et celui de Nivelles, notamment, parvint, en 1210 grâce à Othon IV, et en 1227 grâce au jeune roi Henri, à se soustraire à la dépendance dans laquelle le duc de Brabant s’efforçait de le maintenir ; mais la nécessité l’emporta, et Nivelles, où la bourgeoisie favorisait les empiétements du duc, resta intimement uni au duché.

La condition des bourgeoisies brabançonnes fut considérablement améliorée. En 1187, Henri Ier confirma les libertés dont Gembloux jouissait et, en 1192, en accorda de très étendues à Vilvorde. Mais ce fut surtout à partir de l’année 1200 qu’il se montra prodigue de concessions. Dans la Campine, Godefroid III avait fondé, près du village d’Orten, Bois-le-Duc, pour laquelle Henri Ier obtint du roi Henri VI de grands privilèges commerciaux en 1196 ; notre duc y créa plusieurs centres de population : Oosterwyck, Arendonck, Turnhout, Hérenthals et Hoogstraeten, qui sont qualifiées, en 1213, de villes nouvelles. Du côté de Jodoigne et de Tirlemont, il abolit le servage dans une foule de localités et y remplaça les obligations serviles par des cens et redevances modérées. Sa charte pour plusieurs localités des environs de Jodoigne date de 1204, et il octroya, en outre, des privilèges spéciaux : à Dongelberg, en mars 1216-1217 ; à Incourt en mai 1226. Sur la lisière du pays de Liège, il érigea en villes Hannut, dans la paroisse de Bertrée ; une partie de l’ancienne paroisse de Landen, qui devint le Nouveau-Landen, et, en 1206, un domaine du chapitre de Saint-Lambert, de Liège, Haelen, près de Diest.

Aerschot, Sichem, Tirlemont, etc., étaient déjà largement privilégiés ; Léau le fut en 1213. Diest obtint, le 25 février 1228-1229, une charte qui était une keure criminelle et dont Arnoul, seigneur de Diest, dut jurer la stricte observation. Autour de Louvain, des privilèges furent accordés : en 1211, aux habitants de Neeryssche ; le 30 septembre 1224, à ceux du hameau de Bynswyck (sous Wilsele) et, le 1er octobre de la même année, aux possesseurs de treize manoirs à Berthem. Toute une série de franchises se forma le long de la forêt