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le comte Ferrand et Jeanne, sa femme, une convention par laquelle ceux-ci lui promirent de le défendre contre n’importe qui, saufcontre leurs suzerains, et de protéger ses domaines aussi loin qu’ils s’étendaient. En 1234, le fils du duc prit le commandement d’une croisade dirigée contre les Frisons habitant à l’embouchure du Weser et que l’on accusait d’être hérétiques ; ces malheureux, appelés Stadingers ou Stadingues, parce que leur ville principale se nommait Staden, furent complètement défaits le 27 mai 1234.

Entraîné par des conseillers perfides, le roi Henri se brouilla avec son père, qui revint en Allemagne, fit arrêter son fils et l’envoya languir dans une prison où il expira. Frédéric II résolut alors de se remarier et demanda la main d’Isabelle, sœur du roi d’Angleterre Henri III. Ce fut le duc de Brabant qui, avec l’archevêque de Cologne et le duc de Limbourg, fut chargé d’aller chercher la fiancée et de l’amènera son époux, à qui elle fut unie, le 15 juillet 1235. Les fatigues que Henri Ier s’imposa en cette occasion lui furent fatales. Il tomba malade et expira à Cologne le 5 septembre. Des auteurs liégeois, entre autres Jean d’Outremeuse, ont entouré sa mort de circonstances aussi fausses que ridicules. Le souverain du Brabant mourut entouré de respect et de considération, après un règne de plus de soixante ans, marqué par de grandes actions et une foule d’établissements utiles.

Son corps, transporté à Louvain, fut enterré dans l’église de Saint-Pierre, au milieu du chœur, sous une tombe qui est placée aujourd’hui dans le pourtour et sur laquelle on voit sa statue en marbre bleu ; revêtu d’une longue robe et du manteau ducal, il a la tête couronnée de lauriers et tient dans la main droite un sceptre. A sa ceinture pend une escarcelle et près de sa tête se trouvent deux anges, saint Michel et saint Raphaël, l’encensoir en main. La tombe, haute de trois pieds et demi, longue de huit pieds deux pouces et large de trois pieds un pouce, est aussi en marbre bleu et était jadis dorée en partie. Sur le pourtour de la pierre portant la statue on lit une inscription en vers latins.

La première femme du duc, Mathilde de Boulogne, morte vers 1210, et leur fille aînée, Marie, sont également ensevelies à Saint-Pierre, de Louvain, où leur tombe commune se voit encore ; mais la seconde femme de Henri, Marie de France, morte en 1224, reçut la sépulture, suivant Baudouin de Ninove, dans l’abbaye d’Afflighem, où son anniversaire se célébrait le 15 août.

Mathilde avait eu deux fils et cinq filles : Henri, depuis duc sous le nom de Henri II ; Godefroid, premier seigneur de Gaesbeek ; Marie, qui épousa l’empereur Othon IV, puis le comte Guillaume de Hollande, morte vers 1270 ; Marguerite, femme de Gérard, comte de Gueldre, morte le 21 septembre 1231 ; Aleyde, femme de Louis, comte de Looz, puis de Guillaume, comte d’Auvergne, et enfin d’Arnoul, seigneur de Wesemael ; Mathilde, morte en 1267, qui épousa Florent, fils de Guillaume, comte de Hollande, et comte après son père, de 1223 à 1234, et N., dont la destinée est inconnue. Des deux enfants de Marie de France, l’un, Elisabeth, s’allia, en 1234, à Thierri, fils du comte de Clèves, seigneur de Dinslaken, et ensuite à Gérard de Limbourg, seigneur de Wassenberg.

On ne pourrait envisager Henri Ier comme un protecteur des lettres , mais son esprit s’ouvrait aux idées larges et généreuses, car il entoura les juifs de sa protection, comme en témoigne la légende de la bienheureuse Marguerite de Louvain. Non moins audacieux qu’ambitieux, le duc ne craignait pas d’étendre ses prérogatives et fit frapper des monnaies d’or, au moins pendant quelque temps, à Louvain. Il améliora ses domaines en abolissant en une foule d’endroits le servage, en provoquant des défrichements, en faisant construire des usines et dériver des cours d’eaux. De son temps, le droit féodal fut reconnu et consolidé en Brabant : le 27 décembre 1218, Frédéric II reconnut que le duc y était de droit le tuteur de tous ses vassaux restés orphelins ; en mai 1222, les