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basse Allemnagne, mais ils ne purent prévaloir dans la haute Allemagne, où les défenseurs de la cause des Hohenstauffen s’étaient prononcés pour Philippe de Souabe, frére de Henri VI, dont l’unique enfant, depuis roi et empereur sous le nom de Frédéric II, était encore très jeune. L’Angleterre soutint toujours Othon IV par ses subsides, et la Flandre lui maintint ses sympathies jusqu’à l’époque où le comte Baudouin quitta ses domaines pour la croisade, qui lui valut la couronne d’empereur d’Orient, et peu de temps après lui coûta la vie. Plusieurs fois Philippe de Souabe pénétra dans le pays entre le Rhin et la Meuse, mais sans remporter d’avantages considérables ; les comtes de Hollande et de Gueldre tentèrent aussi en sa faveur une diversion qui ne réussit pas. Ils surprirent Thiel et Bois-le-Duc, où ils firent un grand butin et beaucoup de prisonniers ; mais Henri Ier ayant réuni une armée considérable, parvint à atteindre près de Heusden le comte de Hollande, le défit complètement et le fit prisonnier. Le comte de Gueldre ayant aussi été emprisonné, tous deux furent forcés d’accepter une paix qui assura au duc Henri la suzeraineté sur Dordrecht et la contrée environnante, et confirma aux marchands brabançons les privilèges dont ils jouissaient pour la navigation sur la Meuse et le Rhin.

En 1204, le roi Philippe se décida à entreprendre une campagne qui fut décisive. L’archevêque de Cologne avait été gagné à sa cause ; il entraîna dans sa défection le duc de Brabant, avec lequel le roi conclut un double traité à Coblentz, le 11 novembre. Le monarque assura au duc de grands avantages et, grâce à ces conventions, fut solennellement couronné à Aix, le 1er janvier 1205, en même temps que sa femme Irène, fille d’Isaac l’Ange, empereur de Constantinople. Henri Ier, après avoir déterminé les bourgeois de Cologne à délaisser la cause d’Othon, partit pour la France, où il devint le vassal de Philippe-Auguste pour un fief de 2,000 marcs, renonça au comté de Boulogne moyennant une rente annuelle de 600 livres et projeta avec Renaud de Dommartin une descente en Angleterre, afin d’y reprendre à main armée les domaines provenant de leur beau-père et dont le roi Jean sans Terre les avait dépouillés.

C'est alors que la Flandre et le Hainaut, dont la possession était échue aux filles de l’empereur Baudouin, tombèrent complètement sous la dépendance du roi de France. Le duc Henri se lia plus intimement avec le roi Philippe de Souabe en négociant le mariage du fils qui lui naquit alors, Henri, avec la quatrième fille de son suzerain, appelée Marie (9 février 1207). Le comte de Looz se rapprocha du duc, dont il avait été tour à tour l’adversaire et l’allié. Ainsi que l’évêque de Liège — c’était alors Hugues de Pierrepont — le comte était attaché aux Hohenstauffen ; il avait épousé l’héritière du comté de Hollande, Aleyde, mais il ne put conserver le patrimoine de sa femme, dont il fut dépouillé par son beau-frère, le comte Guillaume. Il fut secondé par plusieurs princes belges dans cette lutte, à laquelle le duc parait être resté étranger.

La situation changea tout à coup, lorsque le roi Philippe de Souabe eut été assassiné (22 juin 1208). Le duc conçut un instant l’espoir de lui succéder, comme nous l’apprend le traité conclu à Soissons, au mois d’août, entre lui et le roi Philippe- Auguste. Mais Othon ayant reparu, muni de fortes sommes d’argent dues à la libéralité de son parent, le roi Jean sans Terre, on le reçut partout avec empressement, et il affermit sa domination en épousant Béatrix, l’une des filles de son compétiteur ; puis, étant parti pour l’Italie, il se brouilla avec le pape Innocent III, dans lequel il avait toujours trouvé un ardent défenseur.

Le souverain pontife lui opposa alors un nouveau rival, le jeune Frédéric II, fils de Henri VI, roi de Sicile, et nos provinces ne tardèrent pas à être impliquées dans une nouvelle lutte entre Philippe-Auguste et Jean sans Terre, où celui-ci fut soutenu par Ferrand de Portugal, à qui le roi de France avait