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brouillé avec le roi de France Philippe-Auguste; mais presque aussitôt, il se brouilla lui-même avec le comte de Hainaut, Baudouin. Une première réclamation de celui-ci, à propos de vêtements, de chevaux, de harnais, qui auraient été enlevés par des Brabançons à des hommes de sa suite, avait été satisfaite par une restitution ; il en éleva une seconde au sujet de l’occupation à main armée d’un manoir appelé Wasnaque (Houssenaken), près de Hal, que le duc Henri soutenait avoir été fortifié à tort.

Les hostilités, apaisées grâce à la médiation du comte Philippe d’Alsace, recommencèrent l’année suivante, au mois d’août, lorsque le vieux duc Godefroid III revint de son voyage à Jérusalem ; mais, après un combat indécis livré à Tubize, les trêves furent prolongées de nouveau. Le comte Baudouin se rapprocha alors du roi Philippe-Auguste , tandis que Philippe d’Alsace, Godefroid III et son fils Henri, l’archevêque de Cologne et Jacques, seigneur d’Avesnes, se confédéraient contre Baudouin et portaient dans le Hainaut la dévastation (en novembre 1184). Henri Ier eut encore, à cette époque, à lutter contre d’autres ennemis et, entre autres, contre les seigneurs de Jauche et de Duras, dont il détruisit les châteaux ; il s’empara aussi du comté de Jodoigne, qui appartenait aux Duras, et sut maintenir son autorité dans la ville de Nivelles, où les abbesses essayaient de se rendre indépendantes, sous la mouvance directe du saint-empire. Il eut, en outre, pendant quelques années, l’administration du comté de Boulogne, que Philippe d’Alsace lui confia à charge de la tenir en fief.

Le duc de Brabant s’étant brouillé avec le comte de Namur, Henri l’Aveugle, celui-ci, soutenu par le comte de Hainaut, vainquit les Brabançons près de Gembloux, et brûla cette ville, ainsi que le bourg de Mont-Saint-Guibert ; mais, ce qui causa surtout beaucoup d’ennuis au jeune duc, ce fut l’intérêt marqué témoigné par son suzerain, le roi Henri, fils de l’empereur Frédéric Barberousse, à son ennemi, le comte de Hainaut. Toutefois, tant que Philippe d’Alsace vécut, l’amitié de ce prince le soutint dans ses entreprises. En 1189, après avoir fait occuper le château de Duras, il alla assiéger Saint-Trond avec une armée dont on évalue la force à 700 chevaliers et 60,000 fantassins, et il aurait pris cette ville si le comte de Hainaut n’avait fait une incursion dans ses Etats. Henri Ier réussit, en 1190, à faire reconnaître l’avouerie de Saint-Trond pour un fief de son duché, mais les trois princes, dont la médiation avait alors été invoquée, moururent peu de temps après : Godefroid III le 10 août 1190, Philippe d’Alsace en Palestine, où il accompagna la troisième croisade, et l’archevêque de Cologne en 1191. Frédéric Barberousse mourut aussi en Orient et eut pour successeur son fils Henri VI.

Sans se laisser aller à l’abattement, le duc se rapprocha de son parent, Henri, duc de Limbourg, qui, en 1191, se reconnut son vassal pour Arlon, Rolduc et tout ce qu’il possédait entre la Meuse, la Moselle et le Rhin. D’autre part, il perdit le Boulonnais et ne parvint pas à faire prévaloir en Flandre ses droits sur ceux du comte de Hainaut ; il dut, en 1192, accepter un accord conclu ou plutôt imposé par le roi de France. Toutefois, il fut reconnu suzerain du château d’Enghien, et possesseur d’une partie de Grammont, que le comte Baudouin prit de lui en engagère ; on lui alloua, en outre, une rente annuelle de 500 livres, à prélever sur les revenus du Boulonnais.

A la mort de l’évêque de Liège, Rodolphe de Zähringen, les ducs de Brabant et de Limbourg parvinrent à faire élire pour son successeur un frère de Henri Ier, Albert de Louvain ; mais ce choix mécontenta Henri VI, qui donna l’évêché à l’un de ses favoris, Lothaire de Hochstaden. L’élection d’Albert ayant été approuvée par le pape et ce prélat ayant été consacré à Reims, des chevaliers allemands, l’assassinèrent près de cette ville, le 24 novembre 1192. Ce crime souleva toute la basse Allemagne contre le roi, que l’on accusa d’en être complice. Henri Ier, que Henri VI