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lippe le Beau, souverain de ces pays, lorsqu'il épousa Isabelle (lisez Jeanne), héritière de Castille et d'Arragon, le chancelier Jean de Houthem en témoigna ouvertement sa douleur et ne voulut pas sortir de sa chambre. Il allégua pour raison que c'était là l'époque de tous les malheurs qui surviendraient aux Pays-Bas par l'éloignement de leurs souverains [1]. La suite du temps a fait voir qu'il avait deviné juste. » M.A. Wauters dit qu'on attribue quelquefois cette pensée prévoyante au successeur de Jean de Houthem, le chancelier Stradio. Il rappelle que Maximilien eut plus d'une fois recours aux talents oratoires du chancelier de Houthem dans ses démêlés avec ses sujets. À maintes reprises, ce dernier prit la parole pour apaiser les Gantois ou les Brugeois soulevés ou pour obtenir des États le vote d'un subside. Ce fut lui qui harangua les Gantois lorsque, le jour de la Madeleine 1485, Maximilien « estant » dit Molinet, « à la grande salle de son hostel en Gand, séant en un siège eslevé et orné le plus richement que jamais », leur fit gràce. Toute la cour, les ambassadeurs de France, d'Angleterre et de Bretagne, des évéques, etc., furent témoins de l'humiliation des fiers bourgeois de la cité d'Artevelde. Selon la remarque de M.A. Wauters, Jean de Houthem, au milieu de ses préoccupations politiques, ne négligea pas le soin de ses intérêts. Maximilien et Philippe le Beau lui accordèrent mainte faveur. Le premier lui fit don et l'investit en personne de la justice haute, moyenne et basse de la seigneurie de Houthem-Sainte-Marguerite. Cette importante formalité eut lieu le 31 décembre 1486, en présence d'un grand nombre de feudataires. L'acte de donation, daté d'Aix-en-Chapelle, est du mois d'avril précédent. Après avoir dignement administré sa charge pendant quatorze ans, ainsi que s'exprime Foppens, de Houthem décéda, non en 1499, date énoncée par cet auteur, mais au commencement de l'année 1504, sans toutefois être resté dans l'exercice de ses fonctions, en ayant été déchargé (ontlast) par Philippe le Beau, qui le remplaça par Guillaume Stradio, chevalier, seigneur de Malèves, Orbais, etc. (lettres patentes de nomination du 5 novembre 1499). On ne voit pas le motif de cette démission. Ajoutons que le chancelier de Houthem fut inhumé dans l'église de Houthem, devant le grand autel. Il avait épousé Marie Vanderspout, d'une ancienne famille brabançonne. Il laissa des enfants.

L. Galesloot.

Foppens, Chronologie hist. des chanc. et cons. de Brabant, registres des chambres des comptes, aux archives du royaume. — A. Wauters, notice histor. sur la seign. de Houthem-Sainte-Marguerite, dans la Belgique ancienne et moderne.

HOUTHEM (Libert), poète latin de la seconde moitié du xvie siècle. Dans ses écrits il se nomme Liégeois; mais, s'il faut en croire Foppens, il naquit à Tongres, où son oncle paternel était prieur des chanoines. Quoi qu'il en soit, il entra dans l'ordre des Hiéronymites et enseigna, pendant plusieurs années, dans le collège que ces frères dirigeaient à Liège. Foppens et Sweert disent même qu'il en était le recteur. Il écrivit à l'usage des élèves du collège plusieurs opuscules non dépourvus de mérite. Ils furent imprimés chez Walter Morberius, le fondateur de la première imprimerie liégeoise, et sont devenus célèbres parmi les bibliophiles pour leur extrême rareté.

En 1570, il fit un résumé des Progymnasmata in artem oratoriam, de François Sylvius, d'Amiens. Ils renfermaient surtout des règles pour la construction de la phrase et la place des mots dans la proposition. Chaque règle était accompagnée d'un ou plusieurs exemples, et l'auteur s'était attaché à choisir comme tels des sentences morales (Progymnasmatum Francisci Sylvii Ambianatis in artem oratoriam epitome in qua elegantissimis dicendi præceptis ea passim subjiciuntur exempla, quæ ex intimis philosophiæ penetralibus deprompta videri possint.

  1. M.Ch. Piot a insisté sur ce point dans son travail La conference de Francfort-sur-Mein, inséré au tome XI de la 4e série des Bulletins de la Commission royale d'histoire.