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fade de paroles, n’eut (qu'une seule représentation au grand théâtre de Bruxelles, le 3 novembre 1808. Ce fut un échec : le compositeur ne parvint point à sauver la pièce, malgré les qualités sérieuses qu’il y déploya. M. le baron de Reiffenberg, dans un récit de fantaisie, raconte d’une façon très piquante cette mésaventure. En dehors de la mise en scène, où figure le père du compositeur mort depuis dix-huit ans, l’auteur de la lettre sur la musique à Fr. Fétis fait de cet opéra une espèce de pot-pourri composé de " quelques " motets, de maints fragments de messes " et de vêpres, travail profane, sanctifié " par son origine. " Pour l’honneur de ce nom et du pays auquel il appartient, nous tenons à dire ici que l'Amant légataire n’avait rien de la gravité du chant d’église : c’était, au contraire, un bouquet de mélodies faciles, gracieuses et légères à la manière de l’école italienne et française de Grétry, de Monsigny, de Philidor et de Dalayrac. C’était du Grétry, moins le génie qui donne des ailes à la phrase musicale en la soulevant de l'ornière des formules consacrées. Adrien Van Helmont n’était point fait pour l'opera comique. Il n’est pas lui-même dans ces thèmes à la mode. Des onze morceaux dont la partition se compose, trois sont dignes de remarque et prouvent que l'auteur, s’il avait eu à traiter un sujet sérieux, aurait pu y laisser l’empreinte d’une originalité véritable. Nous parlons du récitatif à’ Amélie, du trio et du finale en sextuor. Il y a de la profondeur de sentiment dans le récitatif, de la chaleur et de l’entrain dans le trio, et le sextuor révèle une habileté peu commune dans la succession et la simultanéité des voix.

Somme toute, cette âme de patriote et d’artiste n’a pas donné toute la mesure de son talent. Il s’est trop laissé dominer par des influences qui ont enchaîné son essor. Ferd. Loise.

Fr Fétis, Biographie des musiciens. — Edm. Vander Straeten, La Musique aux Pays-Bas, t. V. — Recueil encyclopédique belge, t. 11, p. 64. — Renseignements particuliers fournis par Th. Solvay.

HELMONT (le chanoine Pierre-Joseph), né à Bruxelles, le ler mai 1745, mort à Malines, le 4 janvier 1828. Après avoir fait d’excellentes études chez les Oratoriens de Malines et reçu les ordres sacrés, il fut, du Ier mai 1768 jusqu’au 30 septembre 1783, secrétaire de Son Eminence le cardinal de Franckenberg, archevêque de Malines, et obtint dans l’entre-temps, le 29 octobre 1779, un canonicat de l’église métropolitaine ; il remplit différentes autres fonctions, souvent délicates, qui lui valurent l’affection et la confiance de ses confrères, aussi bien que l’estime de l’archevêque, qu’il suivit à Vienne en 1778. 11 rédigea, avec les chanoines Van Rymenam, De Brou et Van Ghindertaelen, différents mémoires du chapitre concernant les innovations de l’empereur Joseph II, entre autres les représentations du 25 juin 1787 et l'Avis doctrinal sur le séminaire général, du 4 janvier 1788. En 1795, il fut nommé chantre du chapitre, mais les graves événements de l’époque ne lui permirent pas d’entrer en possession de cette dignité et il se vit forcé, au commencement de 1798, de quitter sa patrie pour se soustraire aux poursuites des révolutionnaires français. Après le concordat de 1801, le nouvel archevêque, Jean-Armand de Roquelaure, le nomma chanoine titulaire par lettres du 15 août 1803. A l’arrivée de M. de Pradt, il se trouva dans une position pénible et délicate ; mais il y montra constamment cette discrétion et cette fermeté que les intérêts de la religion réclament et dont il ne se départit jamais. Il mourut le 4 janvier 1828.

Le chanoine Van Helmont avait le caractère plein de douceur et d’aménité, un cœur bon et sensible. Doué d’un esprit pénétrant, il s’appliqua à l’étude jusqu’à la fin de sa vie, et se montra toujours prêt à communiquer aux autres les fruits de ses longues et laborieuses recherches sur l’histoire de l’archevêché de Malines. Le docteur Van de Velde fait, en plusieurs endroits de son Synopsis monumentorum, l’éloge de M. Van Helmont pour les communications importantes qu’il avait reçues de lui.